Processus de fabrication du thé Pu’Erh
Le voyage du thé Pu’Erh commence par une opération minutieuse : la cueillette des feuilles. Réalisée principalement à la main, cette étape exige un soin particulier pour sélectionner les jeunes bourgeons et les feuilles matures de qualité optimale. Ces feuilles proviennent du théier Camellia Sinensis comme la plupart des thés classiques. Ce qui les distingue, c’est leur origine souvent issue d’arbres anciens, parfois millénaires, appelés « arbres à thé anciens » ou « gu shu » en chinois. Ces arbres, enracinés dans le sol fertile du Yunnan, confèrent au thé une richesse unique.
Une fois récoltées, les feuilles passent par une phase cruciale de flétrissage, où elles perdent leur humidité initiale sous l’effet du soleil ou dans des espaces ventilés. Vient ensuite le roulage, une technique essentielle qui brise les cellules des feuilles pour libérer leurs huiles aromatiques. Après cette étape, un séchage rapide, utilisant la vapeur ou l’air chaud, est réalisé pour stabiliser les feuilles et préserver leurs saveurs naturelles.
Différences entre thé Pu’Erh cru (sheng) et thé Pu’Erh cuit (shou)
Une fermentation traditionnelle
Le thé Pu’Erh se divise en deux grandes catégories : le cru (sheng) et le cuit (shou), chacun ayant un processus de fabrication distinct. Le sheng Pu’Erh, souvent considéré comme la version traditionnelle, subit une fermentation naturelle longue, pouvant durer plusieurs années. Les feuilles sont compressées en galettes ou conservées en vrac, puis vieillissent lentement sous des conditions contrôlées. Durant la fermentation, ce type de thé noir développe des arômes complexes au fil du temps, passant de notes végétales et florales à des saveurs plus douces et terreuses.
Une fermentation mécanique
En revanche, le shou Pu’Erh suit une méthode moderne introduite dans les années 1970 qui permet d’accélérer la fermentation. Après le séchage initial, les feuilles sont empilées en tas humides dans un processus appelé « post-fermentation ». Cette technique imite le vieillissement naturel mais en quelques mois seulement. Le résultat ? Un thé aux saveurs riches et rondes avec des notes boisées et parfois chocolatées.
La fermentation est l’âme du thé Pu’Erh, un processus biologique fascinant qui transforme les feuilles grâce à des bactéries et moisissures spécifiques en une symphonie d’arômes. Contrairement aux thés verts ou noirs, le thé Pu’Erh est soumis à une fermentation microbienne. Durant cette phase de fermentation des bactéries et des moisissures spécifiques jouent un rôle clé. Ces microorganismes, présents naturellement sur les feuilles ou introduits pendant la production, décomposent les composés organiques et enrichissent le thé d’une palette aromatique unique.
Le processus de fermentation se poursuit par le vieillissement, une étape capitale qui distingue le thé Pu’Erh des autres thés. Pendant cette période de fermentation, qui peut durer plusieurs décennies, les galettes ou les feuilles en vrac sont stockées dans des environnements contrôlés en humidité et température. Cette surveillance garantie la qualité optimale du thé Pu’Erh. Par ailleurs, ce vieillissement lent permet au thé de développer une profondeur aromatique incomparable, passant par des phases où il gagne en douceur et perd son amertume initiale.
L’impact du vieillissement sur la qualité et les arômes du thé
Le vieillissement n’est pas qu’une simple attente : c’est une véritable métamorphose. Avec le temps, les saveurs initiales du thé Pu’Erh évoluent pour devenir plus complexes et harmonieuses. Les notes végétales fraîches du jeune sheng Pu’Erh se transforment en nuances plus terreuses, boisées ou même légèrement sucrées. En parallèle, le shou Pu’Erh, déjà riche et rond dès sa production, gagne en subtilité avec une maturation prolongée.
Mais pourquoi vieillir un thé ? Parce que chaque année ajoute une nouvelle dimension à son profil gustatif. Les amateurs comparent souvent cette transformation à celle d’un grand vin. Chaque galette, selon son terroir d’origine, ses conditions de conservation et son âge, atteint une forme et une qualité incomparables. Ainsi, déguster un thé Pu’Erh bien vieilli est une expérience rare et précieuse. Chaque gorgée, influencée par le temps et les arômes développés, offre un jugement gustatif unique. Il est important de découvrir l’art de la dégustation pour éveiller son palais au thé Puerh.